• Partie 2 - Abigail

    Ce matin, ce sont encore les rayons du Soleil qui me sortent de mon sommeil. J'ouvre tout doucement les yeux, je me lève, tout aussi peu rapidement. Petite vitesse et grande lenteur comme dirait ma mère. Je regarde l'heure, et constate qu'il est plus de dix heures. Je songe instantanément que Kellian doit être debout. Je sors donc de ma chambre, pour me diriger vers la sienne. J'ouvre brusquement la porte, comme à mon habitude, mais toute suite, je remarque que quelque chose cloche. La pièce est bien rangée, le lit impeccablement fait, rien ne traine. Je fronce les sourcils. On dirait qu'elle est redevenue une simple chambre d'ami, sa fonction avant que Kellian entre dans nos vies. Je m'approche de l'armoire, juste pour m'assurer d'une chose. Mais quand j'ouvre les portes, je découvre qu'elle est incroyablement vide. Je ne comprends pas. Hier encore, elle était remplie des affaires de Kellian. Je sors précipitamment de la pièce, pour aller dans la cuisine. 

    -Maman ! M'écriai-je. 
    -Bonjour Bichou. Me sourit-elle. Tu es bien en forme ce matin. Constate-t-elle ensuite. 
    -Pourquoi l'armoire est vide ? Où est Kellian ? 
    -Elle a toujours été vide Bichou. A part quand quelqu'un vient dormir à la maison bien sûr. Et qui est Kellian ? 
    -Mais maman, Kellian, c'est le garçon qu'on a recueilli ! 

    A ma grande surprise, ma mère me regarde bizarrement, avant de sourire. 

    -Ma Bichou, tu ne dois pas être encore tout à fait réveillée. Tu dois confondre ton rêve de cette nuit et la réalité. 

    Kellian, un rêve ? Non... Ce n'est pas possible... Impossible ! 

    -Maman, on est quel jour aujourd'hui ? Demandai-je soudain, parce que si j'ai rêvé, si Kellian n'était que le simple fruit de mon imagination bien tordue, alors nous devrions être le même jour où il est arrivé à Mingrain. 
    -Nous sommes le 27 juillet Bichou. Tu es sûre que ça va ? S'inquiète ma mère. 
    -Ça va je t'assure ! La rassurai-je immédiatement, même si je ne comprends pas ce qui se passe. Ça doit être à cause des grandes vacances ! Je m'éclate tellement que j'en perds la notion du temps ! 
    -C'est possible. 

    Je mange sans appétit mon petit-déjeuner. Nous sommes le 27 juillet, ce qui veut dire qu'hier, nous étions le 26. Et hier, Kellian était là ! S'il n'avait jamais existé, qu'est-ce que j'ai bien pu faire depuis qu'il est arrivé ici ? 
    Une fois que l'après-midi débute enfin, je m'empresse d'aller au lac, pour rejoindre mes amis. Eux, n'ont sans doute pas oublier Kellian, ils l'adoraient ! 

    -Dites, vous vous souvenez de Kellian ? Questionnai-je, cinq minutes après que je les ai rejoins. Et ils me regardent tout aussi étrangement que ma mère ce matin. 
    -C'est qui ? Répond avec sa délicatesse légendaire Alexandre. 
    -Kellian ! Kellian Geilia ! 
    -Je ne vois pas. Dit-il en haussant les épaules. 

    Je regarde ensuite mes deux autres amies, avec beaucoup d'espoir. 

    -Abi, toi, tu connais peut-être un Kellian, mais nous, nous n'en connaissons aucun. M'affirme Amélie avec une moue désolée. 
    -Et d'ailleurs, c'est un nom trop bizarre, je doute que quelqu'un s'appelle comme ça ! Ajoute Manon. 

    Je suis dans l'incompréhension la plus totale. J'ai l'impression que tout le monde l'a oublié. Que c'était comme s'il n'avait jamais existé. Je ne comprends pas. Je sais au fond de moi, qu'il existe bel et bien, et que j'ai passé deux semaines de ma vie avec lui. 
    La journée passe, mais tout aussi lentement qu'un escargot. Le soir, je ne suis même pas d'humeur à jouer du piano. Il adorait m'écouter jouer. A la place, je suis allongée sur mon lit, sur le côté gauche, pour pouvoir regarder l'extérieur au travers de ma fenêtre. Je me suis baladée dans tout Mingrain, passant par tous les lieux où je suis allée avec Kellian. Mais personne ne se souvient de lui, à croire que je suis la seule à connaître son existence. Mais, en fait, je pense que c'est réellement le cas. Je suis la seule à me souvenir, et je ne sais pas pourquoi. Comme je sais pas pourquoi il est parti, alors qu'il semblait heureux ici, avec nous. 
    Mais tout cela est étrange. Hier, Kellian était ici, et aujourd'hui, il s'est mystérieusement volatilisé, et je ne sais pas comment, mais tout le monde l'a oublié, sauf moi. 
    Le lendemain, je décide de rester dans ma chambre. Je suis assise devant mon bureau, laissant parcourir mon stylo à tout hasard sur la première feuille qui m'est tombée sous la main. Je me demande bien où il est parti, où il a bien pu aller. Je m'imagine des scénarios, tous aussi farfelus les un que les autres. Et je doute qu'il y en ai un qui soit juste. Je soupire. J'aimerai savoir ce qui s'est passé hier. Savoir la vérité, mais une vérité qui me semble si inaccessible. Pourtant, je veux la connaître, même si je ne sais pas encore par où commencer. 
    Je finis par regarder ce que je suis entrain de gribouiller sur ma feuille et constate avec stupeur que j'ai dessiné le portrait de Kellian. D'habitude, il me faut beaucoup de concentration pour que j'arrive à dessiner quelqu'un et que ce soit un minimum ressemblant. Or là, je n'ai pas fait attention à ce que je faisais. Je laisse tomber mon stylo, pour mieux observer le dessin ensuite. Il est tellement réussi que j'ai du mal à croire que c'est moi qui l'est fait. Je le repose sur le bureau et me lève. Je me poste devant ma fenêtre et pose mon front contre la vitre. Je dois bien avouée qu'il me manque, même s'il n'a disparu qu'hier. Mais je me suis attachée à lui, et je me demande bien où il peut être. Je lève mon regard vers le ciel. Il est moins bleu que d'habitude. J'ai aussi remarqué que la température avait drôlement baissé, ce qui est étrange pour la saison. Mais je n'y prête pas plus d'attention. 
    Les jours passent et se ressemblent. Je passe mon temps, enfermée dans ma chambre, sans rien faire, à part regarder dehors. Ma mère s'inquiète mais je tente de la rassurer. Mon père affirme que ce n'est rien, que ça ne me passera. Je ne sais pas s'il dit vrai, ou s'il a tort. Pour le moment, je préfère ne pas me poser la question. Je m'en pose déjà suffisamment. 
    Et puis un jour, alors que cela faisait deux semaines que Kellian avait disparu, je décidais de sortir prendre l'air. Être continuellement enfermée commençait à me rendre chèvre. Alors que je me dirige vers la porte d'entrée, vêtue d'un pantacourt marron, d'un débardeur blanc et d'une veste beige à capuche attachée à la taille au cas où il pleuve, j'annonce à ma mère que je sors. Elle sourit, visiblement heureuse de me voir sortir de la maison. J'avance sans faire attention où je vais, les mains profondément enfoncées dans mes poches. Je ne sais pas où aller. Je me contente juste de marcher, pour réfléchir. Il s'est produit tant de choses bizarres depuis que Kellian est parti. Je ne comprends pas ce qui se passe. C'est tellement frustant de n'avoir aucune piste ! Mais, alors que je m'apprête à traverser la route, un homme attire mon attention. Il est de l'autre côté de la route, il a la peau couleur crème et surtout, il a une étrange marque sur le visage, du même style que celle que possédait Kellian, et que je pensais être une cicatrice. Je fronce les sourcils, intriguée, et décide de le suivre le plus discrètement possible. J'ai bien conscience que ce n'est pas très prudent, mais mon instinct me dit qu'il a un rapport de près ou de loin avec Kellian. Peut-être même qu'il me guidera jusqu'à lui, si j'ai de la chance. Après quelques minutes de marche, je me retrouve dans un champ, et l'homme ne m'a pas repéré, heureusement. Puis, une chose de vraiment inhabituel se produit. Une sorte de tunnel noir apparait juste devant lui. Il entre à l'intérieur et disparaît sans aucune trace. J'hésite quelques instants. J'aimerai le suivre, pour voir où cela mène, mais je ne sais absolument pas où je vais atterrir. Mais lorsque je vois le trou se refermer, je ne réfléchis pas une seconde de plus. Je quitte ma cachette, cours vers ce curieux passage et saute à l'intérieur, juste au moment où ce dernier allait se refermer.
    J'ai l'impression de tomber dans un vide infini. J'aimerai hurler, mais l'air me manque. Je suffoque. Je ferme les yeux terrifiée. Puis, soudain, je tombe par terre et l'air rempli à nouveau mes poumons. J'ouvre mes paupières pour savoir où je me trouve. Je vois tout d'abord un splendide ciel bleu, sans aucun nuage. Je me redresse doucement, pour être ensuite assise par terre. Apparemment, je suis dans une forêt , vu que je suis entourée d'arbres. Je me lève lentement, regardant autour de moi. Je ne connais pas cet endroit, mais il est bien trop... magnifique pour être en France, même pour être sur Terre. Mais, où suis-je alors ? Est-ce possible du moins, que je sois autre part que sur Terre ? Je décide d'avancer droit devant moi, espérant tomber sur quelqu'un. Je suis sur mes gardes, sursautant au moindre bruit, même à celui du vent dans les feuilles. Je commence à me demander si j'ai bien fait d'entrer dans ce qui ressemblait à un tunnel. 
    Soudain, je manque de crier, après un bruissement de feuille. Puis, dans un souffle, je parviens à entendre : 

    -Abigail...

    Je lève la tête et je suis surprise de le voir, percher en haut d'un arbre. Il a changé, oui, en deux semaines, il a énormément changé. Son visage a mûri, la bouille qu'il possédait et qui lui donnait un air enfantin a disparu. Ses cheveux dorés luisent au soleil. Il porte une habituelle chemise rouge à carreaux, sauf qu'elle est ouverte, laissant voir une magnifique et parfaite musculature qui me fait rougir instantanément. 
    J'ai l'impression d'avoir un homme de 25 ans en face de moi, et non un adolescent de 15 ans. 
    Pourtant, c'est bien lui. Il s'agit bien de Kellian. Je le reconnaitrai entre mille. 
    Il affiche un air à la fois intrigué, mais aussi peiné. Il descend de son arbre. C'est à ce moment que je remarque qu'il a aussi grandi. Avant, il devait faire à peu près la même taille que moi, mais aujourd'hui, il me dépasse d'au moins une tête, voire peut-être même deux. Il plonge ses yeux vert brillant dans mes yeux noisette. Je ne peux détacher mon regard du sien. Je ne sais pas quoi faire. Je suis si heureuse de le revoir, de l'avoir retrouvé ! 
    Il s'avance vers moi et détache ma veste qui était attachée autour de ma taille. Il me la tend et je comprends que je dois la mettre. Je ne sais pas pourquoi, comme j'ignore pourquoi il ne me parle pas. Je mets ma veste et il prend la capuche pour me la mettre sur la tête. Il pousse mes cheveux pour qu'ils soient dans mon dos et il m'incite à baisser ma tête. Je me laisse faire, et je pense qu'il veut que je cache mon visage, ainsi que mes cheveux. Il passe son bras gauche dans mon dos, me tient ensuite par les épaules, et me conduit quelque part. Nous marchons dans la forêt. On dirait qu'il la connait par cœur, il est dans son élément. Nous finissons par quitter le bois, et là, je vois une magnifique rivière, d'un bleu incroyable, qui brille aux rayons du soleil. Mes yeux parcourent l'endroit. Je vois quelques maisons au loin, de l'herbe, des fleurs blanches, la rivière ... C'est splendide, il n'existe aucun mot pour décrire la beauté grandiose de ce lieu. Je suis émerveillée, voire même plus. Je regarde ensuite Kellian, et il est encore plus beau au soleil. Aucun humain sur Terre ne peut l'égaler, il est magnifique comme un Dieu. Et encore, la comparaison est bien trop faible. Les reflets lumineux de ses cheveux dû au soleil ne font qu'augmenter sa splendeur. Il tourne son visage vers le mien et je vois à nouveau ses yeux d'un magnifique vert, et on dirait qu'il y a un million d'étoiles dedans tellement ils scintillent. Certains pourraient penser que l'espèce de cicatrice ou quoique ça puisse être d'autre, qui commence au niveau de son œil gauche et qui rejoint son menton, est repoussante, voire hideuse. Mais au contraire, cela le rend plus merveilleux. Je finis par détourner la tête, honteuse de le détailler à ce point, et je sens le feu me monter aux joues. Nous continuons à avancer et entrons dans un petit village que je trouve fort sympathique. Une bonne ambiance chaleureuse semble y régner. Cela ressemble à un village de montagne, en plus remarquable. Tout ici est mieux que sur Terre. Kellian m'incite à baisser un peu plus ma tête, et je me laisse faire. Nous finissons par entrer dans une bâtisse, qui à première vue, ressemble à une bibliothèque. Mon hypothèse se confirme une fois à l'intérieur. Une femme ne tarde pas à venir nous accueillir. Ma première impression sur elle est qu'elle est magnifique. Elle a de longs cheveux blonds presque blancs, mais cela ne choque pas du tout. Ses yeux rose pâle et tout aussi brillant que ceux de Kellian n'inspire que sympathie. Elle a la peau claire, et elle possède aussi une sorte de cicatrice qui relit son œil gauche à son menton, quoiqu'elle n'a pas la même forme que celle de Kellian. Et puis, elle dit quelque chose. Je n'ai rien comprit à ce qu'elle a dit, la langue m'étant étrangère. Mais, mon ami lui répond de la même façon. Je le regarde, stupéfaite. Quand nous nous sommes rencontrés, il parlait très bien le français, comme s'il avait vécu depuis toujours en France. Or là, il parle une langue qui m'est parfaitement inconnue avec une telle aisance qu'il est impossible de croire qu'il parlait tout aussi bien le français il y a deux semaines. Je tombe à nouveau dans l'incompréhension, bien que cela explique, un peu, le fait qu'il ne m'ait pas parlé. Alors qu'ils discutaient, je ne peux m'empêcher d'écouter attentivement leur façon de parler. La langue est magnifique et mélodieuse. Quand ils parlent, on dirait qu'ils chantonnent. Je les écoute et cela m'apaise encore plus qu'une musique douce qu'on peut entendre sur Terre. 
    Ensuite, la femme part, sans doute pour continuer à travailler, et Kellian m'entraine à un point de la bibliothèque. Après avoir vu défiler plusieurs rayons remplis d'innombrable ouvrages, nous nous dirigeons vers une table et Kellian me tire une chaise pour que je m'y assoie. C'est ce que je fais, et je le vois partir dans un rayon. Tête baissée, triturant mes doigts, je l'attends. Il revient quelques minutes plus tard, les bras encombrés de livres. Il les pose sur la table, s'assoit en face de moi, prend celui au dessus du tas, l'ouvre et commence à lire. J'essaie de regarder le contenu du livre et je suis émerveillée de constater à quel point l'écriture de cette langue est aussi magnifique que de l'entendre parler. Je ne comprends pas un mot et pourtant je parcours les lignes qui me fascinent. Il ferme le livre d'un coup sec, en grommelant quelque chose. Même quand il râle, la langue est magnifique. Il pose le livre à côté de lui et en prend un deuxième. Après encore trois ou quatre livres qui ne lui semblent pas lui convenir, il finit par en trouver un, où j'ai pu le voir esquisser un sourire. Il range les livres qui ne lui plaisent pas et va voir la bibliothécaire, du moins, je suppose. Nous sortons de la bibliothèque quelques minutes plus tard, Kellian ayant l'ouvrage emprunté sous le bras. Nous marchons tranquillement dans les ruelles paisibles et croisons quelques autres personnes sur la route, qui nous ignore, à croire que nous sommes invisibles à leur yeux. J'entends Kellian soupirer, et je me souviens qu'il avait dit qu'il n'avait pas d'amis, avant de venir sur Terre. Maintenant, je comprends le sens de ses paroles. Je ne vois pas pourquoi il est autant mis à l'écart, tant il est gentil, généreux et attentionné. Aussi, je remarque que les gens ici se ressemblent tous. Ils sont blonds, des blonds différents certes mais tout de même blonds, ils ont la peau pâle, des yeux clairs et brillants et une marque bleutée plus ou moins voyante sur le visage. Je saisis pourquoi il voulait que je baisse la tête et cache mes cheveux. Je suis bien trop différente et on remarquerait toute suite que je ne suis pas d'ici. 
    Nous arrivons devant une petite maison toute simple et plutôt rustique, mais qui a tout de même son charme. Nous entrons à l'intérieur et je n'ai pas le temps de détailler l'entrée que Kellian m'entraine déjà dans l'escalier en bois. En quelques secondes, nous sommes déjà dans une chambre, très petite qui ne doit pas faire plus de 10m². La décoration est dans les tons bleus, et il y a le minimum dans cette pièce, sans doute que la superficie y est pour quelque chose. 
    Kellian s'assoie sur son lit et ouvre sans attendre le livre qu'il a emprunté. Je ne tarde pas à aller le rejoindre et attends ce qui va se passer par la suite. Je le regarde, et il semble très concentré. Sans doute que les écrits présents dans l'ouvrage sont importants pour lui. Soudain, je le vois un léger sourire satisfait sur ses lèvres, ce qui le rend encore plus magnifique. Puis, il tend ses mains vers moi. Je m'assois en tailleur sur le lit, juste en face de lui, et pose mes mains sur les siennes. Ses doigts se ferment et il ferme les yeux pour se concentrer. Puis il murmure quelque chose que je ne comprends pas, mais il murmure d'une voix mélodieuse qui s'empare de mon esprit et me fait perdre conscience de la réalité, comme sans doute c'était le cas pour lui quand il m'entendait jouer du piano. Pourtant je garde les yeux ouverts, n'ayant pas besoin de les fermer pour mieux apprécier le moment. Et tout d'un coup, une douce et apaisante lumière apparait entre nos mains. Je fixe cet étrange phénomène, fascinée, tel un papillon qui se dirige sans cesse vers la lumière. Puis cette lumière s'empare de plus en plus de l'espace et devient aveuglante. Je ferme les yeux par instinct alors que je n'avais qu'une envie, les garder ouvert. J'ai l'impression que le temps s'est arrêté. Je ne le vois pas passé, je n'ai plus conscience de rien. Je ne me demande même pas ce qui est entrain de se passer, parce que cela me semble si naturel, si normal, bien que ce ne soit nullement le cas. 

    -Abigail, est-ce que tu me comprends ? M'interroge doucement Kellian. 
    Cette question me fait rouvrir mes yeux. Je vois son visage encore plus parfait que la perfection elle-même, à la fois intrigué et inquiet. 

    -Oui. Répondis-je dans un souffle, pour ensuite demander : Où sommes-nous ? Je sais que ce n'est pas sur Terre. L'endroit est trop ... trop incroyable pour être sur Terre. 
    -Effectivement, nous ne sommes pas sur Terre. Confirme-t-il après un moment d'hésitation. Nous ne sommes même pas dans la Voie Lactée. Je crois bien qu'il y a même quelques années-lumières de différence. 
    -Quand même. Soufflai-je exagérément, impressionnée par cette distance gigantesque et impressionnante. Mais ça ne répond pas à ma question. 
    -Nous sommes sur Meikla. M'informe-t-il. Une petite planète qui fait partie du système Etoilïa. 
    -Etoilïa ? M'intriguai-je. C'est étrange comme nom. 
    -C'est un mélange des noms de nos deux étoiles. Celle qui est la plus proche de la planète, qui émet une lumière blanche, comme le Soleil pour la Terre, s'appelle l'Etoile. La deuxième est plus éloignée, et on ne perçoit sa lumière bleutée que la nuit. Et elle s'appelle Loïa. Tu verras ce soir, c'est assez... particulier quand on n'est pas habitué. 
    -Il y a deux étoiles dans le système ?! M'écriai-je, surprise. Mais, comment cela se fait-il que je peux te comprendre maintenant ? Qu'est-ce qui s'est passé ? 
    -Je nous ai lancé un sort de traduction instantanée, ce qui me permet de te comprendre quand tu me parles, et que toi tu me comprennes quand je te parle. Mais, cela marche seulement comme ça. Quand je parlerai à ma mère par exemple, tu ne comprendras pas ce que je lui dis, ni ce qu'elle dit d'ailleurs. Il faudra refaire le sort je pense. 

    Un silence s'installe ensuite. J'essaie d'assimiler ce que je viens d'apprendre. Nous sommes sur une autre planète qui s'appelle Meikla, qui possède deux «soleils» et où il y a des formes de vie humaine, qui savent lancer des sorts. Beaucoup penserait à une blague, et pourtant, j'ai l'impression qu'il vient de m'annoncer qu'il ferait beau demain. 

    -Abigail, qu'est-ce que tu fais ici ? Soupire-t-il après quelques minutes de silence. 
    -Je... J'ai vu un homme, qui avait le même type de marque sur le visage que toi. Racontai-je. Je l'ai suivi, et j'ai fini par atterrir ici, sur Meikla. Pourquoi ? Cela te dérange de me revoir ?
    -Non ! Bien sûr que non ! Me contredit-il vivement. Mais c'est juste que... Que tu aurais dû m'oublier. Normalement, tu n'aurais dû avoir aucun souvenir de moi. 

    Je suis surprise par cette révélation. Et puis, je repense à mes parents, à mes amis, et à toutes les personnes que j'ai croisé en compagnie de Kellian. Ils l'avaient tous oublié. Sauf moi. J'étais la seule à me souvenir de lui. 

    -J'étais sur Terre parce que je devais suivre une formation, m'explique-t-il ensuite. Normalement, toutes les personnes que j'ai rencontré devaient oublier mon existence. 
    -C'est le cas, sauf pour moi. Avouai-je. Je suis la seule personne qui se souvienne de toi. Mais, en quoi consiste cette formation ? 
    -C'est étrange que tu sois la seule... Il faudra que j'en parle à ma mère, peut-être qu'elle sait quelque chose. Songe-t-il à voix haute. Pour ce qui est de la formation, je ne le sais pas moi même. Ce que je sais, c'est que mon corps a évolué dès mon retour ici. 
    -Kellian, il s'est passé combien de temps ici ? Osai-je enfin questionner. Sur Terre, cela fait deux semaines que tu es parti. Mais... Tu as tellement changé ! C'est impossible de changer autant en si peu de temps ! 
    -J'ai dix-sept ans maintenant, donc il s'est passé deux ans. 
    -Deux ans ?! 
    -Oui. Me confirme-t-il avec un hochement de tête. Le temps ne doit pas se dérouler à la même vitesse ici et sur Terre. Et n'oublie pas qu'il y a des années-lumières qui nous séparent ! Deux ans, ce n'est pas si énorme que ça étant donné cette distance gigantesque. 

    Je me perds rapidement dans mes pensées, réalisant qu'il n'a pas tort. Mais plus il parle de sa planète, plus j'ai l'impression que tout est normal, comme si j'avais vécu ici depuis toujours. Et, cela me perturbe. 

    -Quelque chose ne va pas ? S'inquiète Kellian. 
    -Non rien, tout va très bien. Affirmai-je en le regardant dans les yeux. 

    Ses yeux d'un magnifique vert brillant dont je suis dans l'incapacité de me détacher. Je me plonge dedans avec plaisir et je ne veux pas en sortir. J'ai l'impression que le temps s'est soudainement arrêté, qu'il n'existe plus rien d'autre à part nous. J'oublie tout, et lui seul compte désormais. C'est une sensation bien étrange et pourtant, j'aime ça. 
    Mais soudain, une voix féminine se fait entendre, ce qui me fait sursauter et me ramène à la réalité. Elle semble s'adresser à Kellian, et ce dernier lui répond sans attendre. Je ne comprends pas un mot de ce qu'ils peuvent se dire, mais j'apprécie beaucoup les sons de la langue meiklanienne. 

    -Ma mère vient de rentrer, m'annonce Kellian. Il faut que je descendes. Viens avec moi, je vais te présenter. Et aussi, peut-être sait-elle quelque chose par rapport au fait que tu ne m'aies pas oublié. 

    Je me contente de hocher la tête, encore bouleversée par ce qui venait de se passer avec lui. Il prend l'ouvrage, se lève et se dirige vers la porte. Je ne tarde pas à le suivre. J'enfonce mes mains dans mes poches, comme je le fais souvent quand je suis intimidée. D'autant plus que je ne sais pas quoi dire, sachant qu'elle ne comprendra pas un mot. 
    Une fois dans le salon, je découvre une femme plutôt grande, aux cheveux d'un blond presque cuivré qui me fait penser aux reflets des cheveux de son fils aux rayons de l'Étoile. Elle possède aussi de splendides yeux lavande brillant. Elle semble chaleureuse, et bienveillante. Elle fronce les sourcils en me voyant, mais elle est toujours aussi belle. Kellian se met à lui parler et au moment où j'entends mon nom je fais un timide sourire. Ensuite, il pose le livre sur la table, ouvert à la même page que tout à l'heure. Il prend la main de sa mère, et dès que je m'approche, il prend la mienne. Je vois sa mère me tendre sa main, et je comprends que je dois la saisir. Kellian murmure quelque chose, et la même lumière blanche apparaît, finissant par m'aveugler. J'ouvre à nouveau les yeux quelques secondes plus tard, et la mère de Kellian me sourit. 

    -Je suis ravie de faire ta connaissance Abigail. Me dit-elle, toujours avec ce même sourire chaleureux. Je suis Dalina, la mère de Kellian. 
    -Je suis enchantée de faire votre connaissance. 
    -De même. Mais j'avoue que c'est étrange que tu te souviennes de Kellian. Tu n'es pas censée te souvenir. Ça risque de ne pas plaire à Méliana...
    -Qui est Méliana ? Ne tardai-je pas à demander. 
    -C'est l'ange protecteur de Meikla. M'explique sans attendre Kellian. Même si elle est plutôt bizarre je trouve. 
    -Oui. Confirme sans attendre sa mère. Mais il est vrai que ce n'est pas normal que tu te souviennes de Kellian. Mais...

    Elle semble hésiter. Kellian et moi nous nous regardons, intrigués. Apparemment, Dalina sait quelque chose, mais n'est pas sûre de son information. 

    -Mais ? L'encourage son fils. 
    -Mais il existe une vieille histoire, une sorte de légende. Nous informe-t-elle, hésitante. Peu y croit. Mais, il y a très longtemps, un illuminé aurait dit qu'un jour, un meiklanien et une personne non meiklanienne possèderaient un lien impossible à briser et que ce jour là, tout changerait sur Meikla. C'est un peu compliqué mais en gros, voilà l'histoire. Mais il est évident que vous devez être tous les deux très liés pour que toi, Abigail, n'ait pas oublié mon fils. 

    Je ne peux que confirmer. Il est vrai que nous devons posséder un lien très fort. Je le regarde dans les yeux, et il fait de même. Le temps s'arrête, comme à chaque fois que nos regards se croisent. Je suis déconnectée de la réalité et tout semble disparaître, sauf lui et ses yeux si envoûtants. Pour beaucoup, ce qui vient d'arriver est tellement étrange que cela en ferait presque peur, alors que moi, j'ai l'impression que c'est parfaitement normal, comme si j'avais baigné dedans depuis toujours. 
    La nuit commence à remplacer le jour sans que je m'en rende compte. Je suis assise sur l'herbe, en haut d'une colline, en compagnie de Kellian. Tout est si magnifique. Tellement splendide que j'ai l'impression de rêver, alors que tout est réel. 

    -Dis moi Kellian, qu'elles sont vos croyances ? Demandai-je soudain. 
    -Comment ça ? S'intrigue-t-il. 
    -Sur Terre, il y a des religions, et toutes ont leurs croyances. La vie après la mort, sur la formation du monde. Et ici, c'est quoi ? 
    -Nous croyons aux esprits. Dit-il après un petit moment de réflexion. En fait, nous pensons qu'une fois mort, notre esprit part rejoindre tous ceux que nous avons aimé dans notre vie et qui sont partis avant nous. On croit également que l'esprit veille toujours sur ses proches qui sont encore en vie. Qu'ils essaient de les influencer vers telle ou telle décision pour les mener vers le bonheur. C'est ainsi que sont venues les principales cérémonies. Le jour d'une naissance, on demande aux esprits, de la famille généralement, mais aussi ceux des proches amis, de prendre soins, de veiller sur le nouveau né. Le jour d'une union, on demande aux esprits de les aider dans leur vie à deux. Et au moment où une personne meurt, tout le monde ainsi que le mourant supplient les esprits de pardonner tout le mal qu'il aura bien pu faire, et de l'accepter auprès d'eux. 
    -C'est une très belle croyance. Soufflai-je, attentive à chacune de ses paroles. Si j'ai bien compris ta dernière phrase, les esprits peuvent refuser l'esprit d'une personne qui vient de mourir ?
    -Oui. Me confirme-t-il. Si la personne en question a fait trop de mal dans sa vie, les esprits le rejettent et l'esprit deviendra un esprit errant pour l'éternité. Les meiklaniens se tiennent toujours bien, ayant trop peur de se faire rejeter par leur proches et de rester seuls pour toujours. 
    -C'est sûr que c'est triste de finir tout seul. Mais à toi, cela ne t'arrivera pas, j'en suis certaine. 
    Je le vois sourire. Je pense que ce que je viens de dire lui a fait plaisir, même si je pensais chaque mot. Oui, lui, sera accepté parmi les esprits. Ils l'accepteront, sans la moindre hésitation. Puis, une nouvelle question germe dans ma tête. 

    -Ta marque sur le visage, elle signifie quelque chose ? J'ai vu que tout le monde en avait une, mais la forme diffère à chaque fois. Osai-je enfin demander. 
    -Hum, oui. En fait, la marque sur le visage montre nos principaux traits de caractère. M'explique-t-il patiemment. Tout ce qui fait qu'on est nous. Par exemple, ma marque signifie que je suis généreux, attentionné et courageux quoique peu sûr de moi. Les traits de caractère positifs sont matérialisés par des boucles, qui sont plus ou moins grosse pour montrer si le trait est fort, prédominant ou non. Mais plus les lignes de la marque sont plats, plus le trait de caractère est négatif. 
    -Je comprends. Et je trouve, que ta marque te reflète bien. 
    -Merci. Me répond-il en me regardant avec un sourire. 
    -Et celle de ta mère, qu'est-ce qu'elle signifie ? 
    -Qu'elle est charmante, protectrice sans doute un peu trop même et généreuse. 
    -Tu as un point commun avec elle. Souris-je. 
    -Oui. Elle pense d'ailleurs que j'ai hérité des autres de mon père. 
    -Peut-être. Mais je ne l'ai pas vu, il est ...
    -Mort ? Suppose-t-il en remarquant mon hésitation. A vrai dire, je n'en ai aucune idée. Il est parti quand j'avais cinq ans sans donner aucune explication. 
    -Je suis désolée. Souffle-je, dès que je le vois baisser la tête, attristé. 
    -Ce n'est pas de ta faute. Soupire-t-il, pour ensuite tourner légèrement la tête dans ma direction, alors que j'ai posé ma main sur son épaule. 

    Nous ne nous disons plus rien. Un doux silence s'installe entre nous, légèrement perturbé par le bruissement agréable des feuilles. La nuit tombe peu à peu, sans qu'aucun mot ne soit échangé. Et enfin, l'Etoile laisse place à Loïa. Tout est très sombre, mais une lumière légèrement bleuté éclaire les lieux. Je regarde l'eau de la rivière et plusieurs petites étoiles la font briller. C'est tout simplement magnifique. Tout est extraordinairement splendide. Je tourne mon visage vers Kellian, pour le regarder. Sous les rayons de Loïa, il est encore plus beau que durant la journée. Sa peau est un peu plus pâle, mais les traits de son visage sont renforcés. Sa marque est plus visible aussi, mais cela ne choque pas. Au contraire. Elle est en parfaite harmonie avec le visage en lui-même, et si elle n'était pas là, je suis certaine que l'impression qu'il lui manque quelque chose serait présente. 

    -Tu es magnifique. Murmurai-je, comme hypnotisée par sa beauté. 
    -Ah ? Tu trouves ? Personnellement, je ne me trouve pas terrible...
    -Tu plaisantes ? Tu... Tu... Aucun mot ne peut te décrire Kellian ! M'écriai-je. C'est moi qui n'est pas terrible plutôt ! 
    -Nous n'avons pas le même référentiel alors. Sourit-il. Parce que moi, je te trouve aussi belle que la rivière, voire même plus. Tu es si différente par rapport aux filles que je croise dans la rue, ou au lycée ! Tu es naturelle, simple et c'est justement tout ça qui fait que tu es sublime ! Par ton visage, ton regard, tu transmets tellement de choses, ce qui te donne plus de charme ! Pour moi, tu es la première merveille du monde ! 

    Je ne peux m'empêcher de rougir devant ce flot de compliments sur mon apparence. Je me trouve si banale, sans rien de bien spécial, et lui exclame tout ce qu'il pense sur moi. Pour lui, c'est ma différence qui lui plait, qui me rend belle à ses yeux. 

    -Mais il n'y a pas que le physique qui te rend splendide. Continue-t-il, en se rapprochant doucement de moi. Il y a ton caractère aussi. Bien que j'avais l'air si différent quand je suis arrivé sur Terre, tu m'as toute suite accepté, tel que j'étais. Alors qu'ici, sur Meikla, je ressemblais encore à un gamin avant de partir sur Terre, et tout le monde me rejetait. Tu es si... Si... Il n'y a aucun mot pour dire ce que je pense de toi ! Et... Ce que je ressens pour toi ! 

    Je ne sais pas comment réagir. La façon, presque suppliante, dont il parle, les mots qu'il emploie, son regard tendre, tout me touche. Je ne peux détacher mon regard de lui, je ne peux écouter autre chose. Je suis comme un papillon attiré par la lumière. 

    -Tu es unique, et je suis heureux que tu ne m'aies pas oublié. Murmure-t-il. Rien ne m'était plus douloureux que de savoir que tu ne te souvenais pas de moi, même si j'étais dans l'erreur. Pendant ces deux ans passés sans toi, je me suis rendu compte que j'ai besoin de toi, comme un cœur a besoin de battre. Je sais que nous nous sommes vu que pendant deux semaines et peut-être que cela a un rapport avec le lien qui nous unit, mais je le pense sincèrement. 

    Je ne sais quoi répondre. Tout est tellement irréaliste, mais aussi incroyablement beau. Il pose sa main sur ma joue, et j'apprécie ce contact. Son visage s'approche de moi, hésitant. Je ne peux décrocher mon regard du sien. Mes yeux se ferment doucement au fur et à mesure qu'il se rapproche. Et enfin, ses lèvres se posent délicatement sur les miennes, et il m'offre un tendre baiser. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Je me sens tellement bien. Plus rien ne compte, ni le temps, ni l'espace, rien. Il y a simplement nous, deux adolescents de deux planètes différentes, mais qui ignorent ce qui leur semble être un détail aussi minuscule qu'une bactérie. J'ai l'impression d'être sur un nuage et que rien ni personne ne peut briser ce plus que formidable, fantastique moment. 
    La soirée était tellement merveilleuse, que je ne l'ai même pas vu passé. 
    En peu de temps qu'il n'en faut pour le dire, nous sommes déjà le matin et moi, ainsi que Kellian, sommes déjà prêts pour attaquer une nouvelle journée. Nous nous installons à côté de la rivière, tranquillement et nous discutons sans nous préoccuper de rien. 

    -Dis moi, votre langage est tellement magnifique, mais le nom Meikla, c'est un peu... enfin... C'est nettement moins mélodieux on va dire... Remarquai-je à un moment. 
    -C'est de l'ancien meiklanien. M'informe-t-il avec un sourire. Mais en souvenir de cette époque, le nom est resté. Mais Meikla signifie Merveilleux. 
    -Cela prouve que la planète porte bien son nom. Souriai-je. 

    Il sourit à son tour. Soudain, il se lève sous mon regard intrigué, puis vient se placer derrière moi, pour s'asseoir et il m'encercle de ses bras. Je me laisse faire et je me détends dans ses bras. Je ferme les yeux, appréciant ce doux moment. 

    -Que c'est touchant ! Cingle soudain une voix féminine, mais terriblement froide et terrifiante. 

    Je sursaute et rouvre les yeux. Une forme sombre apparaît devant nous. Je sens Kellian resserrer son étreinte. Il s'agit d'une femme a la peau de pierre, aux yeux jaunes affreusement effrayant, de longs cheveux horriblement noirs et une sorte de diamant violet foncé trône au milieu de son front. Elle ne dégage qu'obscurité, et elle ne m'inspire pas confiance. Kellian se lève, et je décide de faire de même. Instinctivement sans doute, il vient se placer devant moi, formant une barrière protectrice vivante. Je ne suis pas rassurée. Un mauvais pressentiment m'assaille. 

    -Que faites-vous ici ? Demande Kellian, méfiant. Ma formation étant faite, je n'ai plus rien à voir avec vous ! 
    -Le problème n'est pas ta formation, Kellian Geilia. Rétorque-t-elle d'une voix aussi glaciale qu'un vent sibérien. Mais le problème, c'est elle. Ajoute-t-elle sur le même ton, en me désignant. 

    Craintivement, je me réfugie derrière Kellian et il prend ma main pour me rassurer. 

    -Comment ça ? 
    -Une terrienne n'a rien à faire ici ! Affirme-t-elle d'une voix encore plus froide et plus menaçante. 
    -Elle a autant le droit d'être ici que vous ! Me défend-t-il. 
    -Du tout ! Le peuple meiklanien doit rester pur ! Ces étrangers sont des êtres inférieurs qui ne méritent aucunement de mettre un pied ici. Et je veux qu'elle parte sur le champ ! 
    -C'est hors de question ! Refuse vivement Kellian, avec beaucoup de courage, tandis que je me cache un peu plus derrière lui. 

    Mais au lieu de voir la colère sur son visage, un sourire particulièrement malsain s'étire sur ses lèvres minces. Cette femme me fait froid dans le dos, et mon mauvais et effrayant pressentiment augmente en flèche. 

    -Bien... Puisque que tu oses me tenir tête, misérable Kellian Geilia, tu devrais rentrer chez toi. Je t'y ai laissé une petite surprise. Juste pour que tu ais un avant-goût de ce qui t'attend si tu as la témérité de continuer à me désobéir ! 

    Sur ces mots peu rassurant, elle disparaît. Pris soudain de panique, Kellian se met soudain à remonter la colline en courant à grandes enjambées, me tirant derrière lui. J'essaie tant bien que mal de tenir le rythme, mais j'ai du mal. Je ne sais pas qui était cette effroyable femme, mais je ne tiens pas à le savoir. Nous arrivons en quelques minutes chez Kellian. 
    Il ouvre brusquement la porte d'entrée, me tenant toujours par la main. Et là, un terrible spectacle nous attendait. 
    Dalina, sa mère, se tord de douleur sur le sol, agonisant sans aucune raison visible.


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