• Chapitre 3 - Tania

    Je suis allongée de tout mon long sur le lit. Je regarde le plafond blanc et je dénombre au moins quatre fissures. Quelle activité passionnante ! Mais je crois bien, que je suis restée dans la même position depuis le départ de l'agent de police. C'est surprenant, je sais, surtout qu'on est en plein milieu de l'après-midi. J'entends les oiseaux chanter joyeusement, des rires d'enfants et tous les autres bruits du quotidien : les voitures, les passants et j'en passe. Bien que, il y a bien cinq minutes, j'ai perçu une querelle d'amoureux et si j'étais de bonne humeur –chose qui n'arrive jamais bien entendu- un fou rire incontrôlable aurait alors pris possession de moi, tellement que la cause était ridicule. Je n'ai pas tout compris mais après tout, je me contrefiche de leur vie de personne normale. Je tourne la tête vers la fenêtre et je vois un magnifique ciel bleu et un soleil radieux illuminant ce paysage urbain. C'est une belle journée pour la saison et n'importe qui serait joyeux et désireux de sortir prendre l'air. Je ne fais pas partie de ces gens-là mais en ce moment, je m'ennuie comme un rat mort. Je pense que je vais sortir, me balader un peu dans cet endroit. Qu'est-ce que j'ai à perdre de toute façon ? Rien, absolument rien. Je me redresse douloureusement, ankylosée par ces quelques heures d'immobilité. Je me lève péniblement et je me dirige vers la sortie de cette chambre moisie. Une fois dehors, je m'aperçois qu'il n'y a pas foule sur les trottoirs. De l'autre côté de la route, je vois des enfants qui jouent au ballon, tout en riant aux éclats. Il y a quelques passants, mais rien d'extraordinaire. Je décide de partir vers ma gauche et j'avance droit devant moi, sans me soucier de personne. Je regarde mes pieds et je ne fais, donc, pas attention aux divers bâtiments qui m'entourent. Au vu de la chance dont je suis dotée, je suis bien partie pour rester un moment ici, je devrais donc prendre quelques points de repère. Je devrais oui, mais je ne le fais pas. A vrai dire, cette idée ne me traverse pas vraiment l'esprit. De toute façon, je ne suis pas sortie pour faire comme si j'étais une touriste. J'ai juste besoin de prendre l'air et de marcher, un peu. J'arrive à percevoir de temps en temps des personnes qui râlent, sans doute parce que je les ai bousculés involontairement, ne faisant pas attention, et je ne prends même pas la peine de m'excuser. Je continue d'avancer et je pense que je dois donner l'impression d'errer dans les rues. Ce qui n'est pas totalement faux après réflexion.
    Je finis par atterrir dans un parc, plutôt agréable à regarder je dois l'avouer. Il y a des arbres –dont la couleur du feuillage me fait étrangement penser aux yeux de l'autre imbécile d'agent de police- un peu partout, des fleurs multicolores, de magnifiques allées et de la pelouse bien verte qui ne donne qu'une envie : s'allonger dessus. Me fichant royalement si c'est autorisé ou non, je vais de ce pas m'allonger pour regarder le ciel bleu et les quelques nuages visibles. Je laisse échapper un soupir las, et je ferme les yeux. Un léger vent agréable me berce et je crois, que je me suis plongée dans un sommeil sans rêve, puisque je n'ai aucun souvenir de ce qui s'est passé ensuite.
    Mais soudain, j'entends une voix -étrangement familière- qui me réveille.

    -Mademoiselle... Mademoiselle réveillez-vous. Me dit cette personne doucement, tout en me secouant légèrement l'épaule.

    J'ouvre les yeux et découvre que le perturbateur de sommeil n'est qu'autre que l'agent de police –dont j'ai complètement oublié le nom d'ailleurs- qui était venu m'embêter le matin même.
    En voyant son visage de près, je ne peux m'empêcher de sursauter, manquant lui donner un coup de tête. Je me frotte les yeux et je regarde autour de moi. Il n'y a presque personne dans le parc et le soleil qui se couche me donne une petite idée du temps que j'ai passé à dormir.

    -Mademoiselle Garyl ? Me reconnaît soudain l'agent. C'est vous ?
    -Non, le pape. Grommelai-je de mauvaise humeur à cause de sa présence.
    -Depuis combien de temps êtes-vous assoupie sur la pelouse de ce parc ? Me demande-t-il.
    -J'en sais rien. Répondis-je, d'un ton légèrement froid indiquant bien que j'aimerai bien qu'il me laisse enfin tranquille. On était en fin d'après-midi quand j'ai atterri ici. Et en quoi cela vous regarde de toute façon !
    -C'est bizarre que personne ne vous ait réveillée avant. Remarque-t-il, perplexe. Il aurait pu vous arriver n'importe quoi.
    -Comme quoi, quand on veut être invisible aux yeux de tous, ça marche. Répliquai-je en me levant. Sauf pour certaine personne j'ai l'impression. D'ailleurs, qu'est-ce que vous fou... faites ici ?
    -Je rentre simplement chez moi. Répond-t-il en haussant les épaules d'un air innocent. Je passe toujours par ce parc. Sauf que je vous ai vu endormie sur la pelouse et j'ai cru bon de vous réveiller.
    -Merci du service mais maintenant au revoir.

    Et sans lui laisser le temps de me répondre, je pars le plus rapidement possible de ce parc, où plus jamais je remettrai les pieds sans doute. J'avance d'un pas pressé dans les rues, essayant tant bien que mal de retrouver ce fichu motel où je réside pour un nombre de jours indéterminés à cause d'un certain agent de police. Je commence à m'agacer, ne trouvant pas ce satané bâtiment que je suis entrain de maudire à l'intérieur de ma tête brune. En même temps, j'aurais, peut être, dû regarder où j'allais pour pouvoir retrouver mon chemin par la suite. Si cela continue, je vais être obligée d'aller interpeller un passant pour demander un renseignement. Encore faudrait-il que je connaisse le nom du motel. Me voilà dans de beaux draps.
    Mais, finalement, je réussis à retrouver enfin la bâtisse et je me dépêche d'entrer à l'intérieur pour rejoindre ma chambre. Je m'écroule sur la chaise la plus proche pour mettre ma tête entre mes bras. Je laisse échapper un soupir et je tourne ma tête vers la fenêtre pour regarder la nuit gagner la ville petit à petit.
    En à peine quelques minutes, la chambre est plongée dans la pénombre. Je ne prends même pas la peine de me lever pour allumer la lumière. Je reste au même endroit, sans bouger, sans rien faire.
    Que faire de toute façon ? Il n'y a rien à faire ici, du moins quand on est seul.

    Et moi, justement, je suis seule. Infiniment ... seule.

     


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